Mobiliser les intelligences
C’est cette intelligence collective que la e-éducation entend contribuer à développer. En effet, apprendre et enseigner avec le numérique suppose d’acquérir de nouvelles compétences en ingénierie pédagogique et le travail en équipe permet d’avancer plus vite et plus efficacement. Par exemple, sur la plateforme de e-éducation de l’académie de Versailles Éléa, les enseignants peuvent écrire à plusieurs mains un même parcours, en présence comme à distance.
Toutefois, le travail en équipe est exigeant. Il requiert du temps pour se concerter et des réseaux pour croiser les intelligences.
Comment peut-on mobiliser chaque membre de la communauté éducative pour travailler ensemble ? Quelles sont les dynamiques à privilégier pour faire émerger une « organisation apprenante » au sein de l’académie ?
Collaborer, coopérer, mutualiser. Pourquoi ? Comment ?
Voici une présentation des différences entre ces 3 concepts sous la forme d’une image interactive :
Collaborer : étape 1. La collaboration suppose un temps de réflexion individuel pour entrer dans la tâche. Collaborer : étape 2. Les participants sont invités à échanger pour produire ensemble. Cela suppose des capacités de communication et d’interaction. Collaborer : étape 3. La production finale est alors conforme aux attentes de chaque membre du groupe. Collaborer : définition. Pour l’université de Genève, « Dans le cadre d’un travail réalisé de façon collaborative, il n’y aura aucune répartition du travail entre ses participants. En effet ces derniers travailleront tous ensemble à chaque étape de l’élaboration du travail. Il sera donc impossible, une fois le travail réalisé, d’identifier le travail fourni par chacun. »
Coopérer : étape 1. Une coopération efficace suppose au préalable un temps de collaboration pour définir les grandes lignes du scénario. Coopérer : étape 2. Chacun produit sa partie. Coopérer : étape 3. Les grains ou les sections produits sont assemblés pour former un parcours. Coopérer : définition. Selon l’université de Genève, le travail coopératif invite à « une répartition claire du travail entre ses participants. De façon concrète, il sera assigné à [chacun] une tâche claire et concrète. Par la suite, les travaux individuels seront assemblés et formeront le travail final. »
Mutualiser : étape 1. Chacun peut s’approprier une partie ou la totalité d’un contenu qui lui semble correspondre à sa démarche ou lui permettre au contraire d’innover. Mutualiser : étape 2. Chacun est alors libre de prélever des éléments pour les intégrer à sa production finale. Mutualiser : étape 3. À la fin du processus, il existe autant de nouvelles productions qu’il y a d’individus. Mutualiser : définition. Mutualiser est un acte fréquent pour le professeur qui peut associer dans un cours qu’il construit des ressources venant d’ailleurs. Cette rencontre à distance sans concertation, ni répartition est aussi une forme de travail d’équipe plus souple dans le temps et l’espace.
Travailler en équipe avec le numérique
Aucune de ces trois postures ne se suffit à elle-même. C’est l’alternance entre des temps de collaboration, de coopération et de mutualisation qui permet de tirer avantage du travail de groupe. Dès lors, travailler en équipe offre une opportunité de développement professionnel.
Pour un enseignant qui souhaite intégrer la e-éducation dans ses pratiques, il existe plusieurs solutions. Des parcours-ressources déjà créés sont disponibles dans la Éléathèque qui en compte aujourd’hui plus de 230. Dans le cadre des projets interdisciplinaires, la co-scénarisation permet de réaliser un parcours pour les élèves qui mobilisent les différentes disciplines vers une problématique commune. Enfin, la e-éducation encourage les liaisons inter-degrés, permettant une communication à distance entre des élèves autour de projets co-construits par les enseignants.
Dans le rapport de mai 2017, « Vers une société apprenante », François Taddei met l’accent sur la plus-value du partage en matière d’éducation. « Dans une organisation apprenante, tous les membres apprennent les uns des autres, les innovations et les apprentissages des uns facilitant ceux des autres. […] Cette communication transversale permet l’émergence de dynamiques facilitant l’innovation, l’intelligence collective et l’adaptation permanente aux changements de l’environnement, assurant le développement durable de l’organisation. »
La e-éducation réinterroge les pratiques des enseignants. Elle semble particulièrement propice à favoriser le développement d’une intelligence collective. C’est dans cet esprit que l’académie accompagne les équipes qui s‘engagent dans cette expérimentation.
Pour aller plus loin
Apports de la recherche
- Lien vers les conférences de François Taddei
- François Taddei, Catherine Becchetti-Bizot, Guillaume Houzel, les grands axes du rapport « Vers une société apprenante », mars 2017
Exemple d’application de la e-éducation
- Mémoriser avec une plateforme de e-éducation
- Mettre en œuvre la pédagogie inversée sur Éléa
- Faire réussir chaque élève avec la e-éducation
Le travail en équipe pédagogique
- Douglas A. Bernstein, "Apprentissages actifs et étudiants passifs", in Études et pratiques en psychologie, vol2 n°3, pp. 52-61, juin 2014
- Ulric Aywlin, "Le travail en équipe : pourquoi et comment ?", in Pédagogie collégiale, mars 1994
- Nicolas Michinov, "Aider les élèves à comprendre. Du texte au multimédia", Travailler et comprendre ensemble, Hachette éducation, 2003
Le travail en groupe d’élèves
- Gérard De Vecchi, Enseigner le travail de groupe, coll. Coup de Pouce, Delagrave, 2006
- Jacques Natanson, Dominique Natanson, Isabelle Andriot, Oser le travail de groupe, Ressources formations, Les clefs du quotidien, Canopé, 2008